Pouvez-vous améliorer vos décisions de placement?
Rédigé par Tamar Satov | Publié le 7 février 2020
Rédigé par Tamar Satov | Publié le 7 février 2020
Nous connaissons tous des gens qui continuent de payer un abonnement de conditionnement physique dont ils ne profitent pas, ou qui maintiennent leur abonnement à la câblodistribution même s’ils ne regardent pratiquement plus la télé. (Parfois, nous faisons même partie de ces gens.) Pourquoi une personne pourtant intelligente gaspillerait-elle ainsi son argent?
La réponse est simple : annuler un abonnement ou un compte facturé automatiquement chaque mois nécessite une action, tandis que continuer de payer demande peu d'efforts.
Gardons-nous de juger trop vite ce comportement, qui n'est pas de la paresse ni de l'irresponsabilité. En effet, les humains sont naturellement enclins à emprunter la voie de la moindre résistance, en raison de ce que les économistes appellent le biais du statu quo.
Ce n'est qu'un exemple des nombreux biais cognitifs qui peuvent nous amener à faire de mauvais choix de vie – et d'investissement. Nous pouvons toutefois apprendre à reconnaître ces comportements et les éviter.
« Vous pouvez vous forcer à prendre du recul et à considérer la situation d'un autre point de vue », explique Kristen Duke, professeure adjointe de marketing à l'École de gestion Rotman de l'Université de Toronto. « Demandez-vous ce que vous feriez si vous pouviez faire un autre choix dès maintenant. »
Nous avons dressé la liste des biais cognitifs les plus courants et des mesures que vous pouvez adopter pour réfléchir de manière plus stratégique et vous aider à prendre de meilleures décisions (financières ou non).
Nos décisions sont souvent basées sur des points de référence, probablement parce que notre cerveau doit trier beaucoup de données. Malheureusement, nous pouvons nous laisser trop influencer par la première information pertinente que nous recevons.
Supposons que nous décidons de vendre notre maison et que le courtier ou la courtière nous dit que nous obtiendrons probablement 500 000 $. Par la suite, si nous recevons une offre sérieuse à 450 000 $, nous pourrions être enclins à refuser et attendre une proposition plus élevée qui ne viendra jamais, simplement parce que la première estimation est devenue notre ancrage (notre point de référence).
Les investisseurs sont aussi portés vers ce genre de raisonnement. « Les gens fondent souvent leur jugement sur le montant du placement initial », explique Mme Duke. Ainsi, ils peuvent s'accrocher trop longtemps à une situation déficitaire. « Ils se disent qu'ils attendent une certaine valeur, mais ne font que spéculer. En réalité, une fois qu'ils possèdent un titre, le prix qu'ils ont payé n'est peut-être plus pertinent du tout. »
Astuces à essayer : considérez votre portefeuille dans son ensemble plutôt que de vous concentrer sur les valeurs individuelles des actions. Créez des paramètres pour la gestion de vos placements. Comment avez-vous réparti votre actif? Êtes-vous à l'aise avec le niveau de risque?
Vous pourriez aussi trouver d'autres points de repère en consultant de nouvelles sources d'information. Par exemple, pour contrer l'effet d'ancrage du montant initial investi, vous pourriez comparer le rendement de l'action à celui d'autres placements du même secteur.
Cet effet – aussi appelé la mentalité du troupeau – est la tendance naturelle des humains à faire comme les autres, surtout en cas d'incertitude. Bien que cet instinct grégaire puisse faciliter les relations interpersonnelles, il ne fonctionne pas aussi bien dans le domaine des placements.
« Acheter ou vendre un titre parce que tout le monde le fait risque d'entraîner des résultats peu efficaces », précise Kristen Duke, qui est aussi chercheuse universitaire de l'Économie comportementale en action à Rotman. En effet, la plupart des bulles spéculatives, comme celle des valeurs technologiques à la fin des années 90, se produisent à cause de l'effet d'entraînement. Malheureusement, ces bulles ont tendance à éclater.
Astuces à essayer : cherchez les raisons qui poussent le troupeau dans une certaine direction et déterminez s'il est dans votre intérêt de le suivre. « Interrogez-vous sur l'origine de ce comportement, explique Mme Duke. Certains éléments de preuve démontrent-ils que vous devriez plutôt faire le contraire? » Vous pourriez tenter d'obtenir d'autres opinions, en particulier auprès de personnes qui se situent à contre-courant, afin de mieux évaluer le pour et le contre de la situation.
Demandez-vous aussi si cet actif « boule de neige » correspond vraiment à votre profil de risque.
Comme nous aimons croire que notre façon de penser est la bonne, nous sommes particulièrement réceptifs aux renseignements qui confirment notre point de vue, mais nous écartons facilement les sources qui nous contredisent.
Par exemple, si une action de notre portefeuille nous semble être un excellent choix, nous utiliserons toute information positive au sujet de l'entreprise concernée pour renforcer notre opinion et nous ne tiendrons probablement pas compte des critiques. Ce faisant, nous pourrions ignorer les signes avant-coureurs de désastre ou rater de bonnes occasions.
Astuce à essayer : comme dans le cas de l'effet d'entraînement, la recherche d'opinions contraires peut aider à vaincre le biais de confirmation. Sur les réseaux sociaux, faites-vous un devoir de suivre des experts aux idées opposées et tentez de comprendre leur point de vue.
Nous avons tous rencontré des gens qui voient la vie en rose et qui croient que le vent tourne habituellement en leur faveur. Bien que cette approche puisse les aider à traverser les épreuves de la vie, elle ne permet aucunement d'atténuer les hauts et les bas de la Bourse.
L'excès d'optimisme peut être particulièrement répandu après une longue période de marché haussier; les investisseurs tendent alors à oublier que les baisses sont tout aussi normales. « Les gens se mettent à penser que tout ira bien pour eux, quelles que soient les circonstances », dit Kristen Duke. Cependant, nous devons nous rappeler que le passé n'est pas garant de l'avenir.
Astuces à essayer : certaines stratégies telles que les achats périodiques par sommes fixes et la diversification peuvent aider à contrer un optimisme excessif lorsque le marché n'évolue pas comme prévu.
Les humains ressentent plus fortement les émotions négatives provoquées par une perte que celles positives qui découlent d'un gain équivalent. Par conséquent, face à la possibilité de perdre quelque chose, nous pouvons réagir exagérément et tenter de minimiser le risque, même si ce n'est pas nécessairement à notre avantage.
Du point de vue de l'évolution, ce comportement a probablement contribué à la survie de notre espèce. Toutefois, en matière de placements, éviter tous les risques peut s'avérer coûteux. Par exemple, l'aversion à la perte peut mener de jeunes investisseurs à constituer un portefeuille trop prudent et à manquer le gain potentiel d'une approche plus audacieuse, puisque leurs placements à long terme auraient le temps de compenser les baisses du marché. À l'inverse, les investisseurs qui vont au-delà de leur tolérance au risque peuvent être tentés de vendre au premier signe de recul et rendre les pertes irrécupérables.
Astuces à essayer : réévaluez périodiquement votre profil de risque, en particulier si un changement dans votre vie a une incidence sur vos finances. Aussi, plutôt que de penser de façon abstraite que vous pourriez perdre ou gagner de l'argent, calculez concrètement l'effet qu'aurait une perte ou un gain de 5 %, de 10 % ou de 20 % sur la valeur de votre portefeuille.
« La perception du risque change quand vous considérez la situation sous un autre angle », explique Kristen Duke. Par exemple, une possibilité de 16,66 % peut vous sembler différente d'une chance sur six, alors qu'il s'agit de la même probabilité. Ainsi, préférez-vous envisager une perte ou un gain de 30 000 $ sur un portefeuille de 300 000 $, ou un rendement potentiel de plus ou moins 10 %?
Statistiquement parlant, seulement 50 % des gens peuvent faire mieux que la moyenne, peu importe l'activité. Pourtant, dans les sondages sur la conduite automobile, une grande proportion des répondants se croient meilleurs que la moyenne. Autrement dit, les conducteurs surestiment leurs habiletés routières. Ils ne sont pas les seuls; les investisseurs ont aussi tendance à exagérer leur capacité à prédire l'évolution du marché ou à choisir les bons titres.
Poussées par cet excès de confiance, certaines personnes effectuent trop de transactions boursières, car elles sont convaincues de pouvoir surclasser le marché.
Astuce à essayer : confrontez la réalité en comparant vos rendements avec un point de repère fiable, comme un grand indice boursier. Si vos gains sont inférieurs à la moyenne, vous devriez peut-être revoir votre stratégie.
Parce que le moment présent paraît plus concret, nous avons tendance à lui donner plus d'importance qu'à l'avenir. « Par exemple, la plupart des gens opteraient de recevoir 10 $ immédiatement au lieu de 20 $ dans quelques semaines », précise Mme Duke. Nous trouvons plus facile de décider de nous priver plus tard que de le faire dès maintenant (« Mon régime commence lundi! »).
Cette préférence pour une récompense immédiate plutôt que pour un rendement potentiellement supérieur par la suite peut inciter les investisseurs à trop se concentrer sur les objectifs à court terme ou à procrastiner quand vient le temps d'épargner et d'investir.
Astuce à essayer : vous imaginer à un âge plus avancé pourrait atténuer ce penchant pour le présent en vous permettant de visualiser la personne que vous deviendrez. Certaines applications peuvent justement vous vieillir virtuellement!
« Des études intéressantes révèlent que la création d'un lien entre l'individu que vous êtes et celui que vous deviendrez réduit cette préférence marquée pour le présent et vous rend plus enclin à partager vos ressources avec cette personne future », explique Kristen Duke.
En résumé, soyez à l'affût des tours que peut vous jouer votre esprit et apprenez à vaincre ces biais afin de prendre de meilleures décisions financières.
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