5 facteurs susceptibles d’influer sur votre portefeuille davantage que l’élection aux États-Unis
Rédigé par L’ÉQUIPE INVESTISSEUR INSPIRÉ | Publié le 30 octobre 2024
Rédigé par L’ÉQUIPE INVESTISSEUR INSPIRÉ | Publié le 30 octobre 2024
À l’heure où l’élection aux États-Unis fait couler énormément d’encre, il est normal que les investisseurs se demandent comment son résultat pourrait influer sur l’économie et les marchés mondiaux. Les présidents et leurs politiques peuvent avoir une certaine incidence sur les marchés, mais leurs répercussions sur les investisseurs ne sont pas toujours aussi fortes que ce à quoi on pourrait s’attendre. En fait, d’autres enjeux et événements sont susceptibles d’influer sur les portefeuilles davantage que l’élection.
« Les investisseurs accordent une grande attention à l’élection, mais en fin de compte, l’incidence de celle-ci sur l’économie tend à être relativement faible », déclare Eric Savoie, stratégiste, Placements, RBC Gestion mondiale d’actifs. « D’autres facteurs jouent un rôle important à moyen et à long terme. »
Voici certains points que les investisseurs devraient surveiller tant au moment présent qu’après l’élection.
Baisses de taux répétées
Les taux d’intérêt peuvent avoir une incidence directe sur la croissance économique et les fluctuations des marchés. À partir de 2022, les banques centrales ont commencé à augmenter les taux dans le but de ralentir l’économie et de mater l’inflation. Leurs décisions semblent avoir porté fruit : au Canada et aux États-Unis, l’inflation a diminué pour s’établir respectivement à 2 % et à 2,4 % en août, ce qui a poussé la Banque du Canada et la Réserve fédérale des États-Unis à commencer à réduire les taux. « C’est le début d’un cycle d’assouplissement », note Eric Savoie. « Je crois que les banques centrales annonceront probablement d’autres réductions en 2025. »
Par le passé, les baisses de taux ont souvent entraîné une relance de l’économie. Le cas échéant, les consommateurs et les entreprises peuvent emprunter de l’argent à des taux inférieurs et être ainsi portés à accroître leurs dépenses. Les marchés ont tendance à faire belle figure lorsque les taux obligataires diminuent et que les actions deviennent plus attrayantes aux yeux des investisseurs. « Si l’assouplissement est à la hauteur de nos prévisions, je m’attends à ce que son apport à l’expansion économique future soit substantiel », explique-t-il.
Ralentissement de la Chine et dette publique considérable
Selon M. Savoie, alors que la croissance économique du Canada et des États-Unis pourrait se raffermir à mesure que les taux d’intérêt diminueront, la décélération de l’économie chinoise risque de modérer la croissance mondiale. En Chine, l’immobilier suscite de grandes préoccupations, comme en témoigne la baisse de 4,9 % sur 12 mois du prix des logements neufs en août1. Ce recul est le pire depuis 2015. Le pays croule aussi sous le poids de l’endettement, son ratio dette/PIB atteignant un sommet historique de 295,6 % en 20242. « La Chine est la deuxième économie mondiale en importance et le principal moteur de la croissance mondiale », affirme M. Savoie. « Une détérioration marquée de l’économie chinoise risque de se répercuter sur toutes les autres économies du monde. » Ces difficultés ont incité les responsables des politiques chinoises à annoncer récemment d’importantes mesures de relance dans le but de relancer l’activité économique et de rétablir la confiance des investisseurs et des consommateurs. Le marché boursier a réagi favorablement à cette nouvelle, mais il reste à voir si les mesures de relance seront suffisantes pour atténuer le ralentissement de l’économie chinoise.
De nombreux autres pays sont aussi lourdement endettés, en partie à cause de l’argent qu’ils ont dépensé pendant la pandémie. Mentionnons notamment les États-Unis et le Canada, qui affichent tous deux un ratio dette/PIB supérieur à 100 %. Un pays dont la dette est considérable3 est parfois contraint d’affecter une plus grande partie de ses dépenses au service de cette dette. Dans ce cas, il ne peut investir autant d’argent dans la construction de routes, les programmes sociaux et l’innovation. « Il ne s’agit pas d’une menace immédiate, mais de quelque chose qui aura probablement des répercussions à long terme », fait remarquer M. Savoie. « La question de savoir si la prochaine administration américaine décidera ou non de s’attaquer à la dette est autre chose, mais en général, les gouvernements essaient de reporter la résolution du problème. »
Préoccupations d’ordre géopolitique
Bien qu’un nouveau président américain puisse apporter des changements susceptibles d’influer sur les marchés, des événements comme la guerre et l’agitation politique dans d’autres parties du monde pourraient aussi jouer un rôle déterminant. « L’incidence réelle [des enjeux géopolitiques] porte sur la confiance des investisseurs, le goût du risque et l’incertitude », constate M. Savoie. À l’heure actuelle, les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine n’ont pas d’effet palpable sur les actions, mais si la situation s’aggravait et que les investisseurs se montraient nerveux, un changement pourrait se produire.
Bien entendu, le contraire est également vrai : si ces conflits prennent fin, la confiance des investisseurs se raffermira peut-être, ce qui est de nature à pousser les marchés vers le haut. Cependant, les risques qui se profilent toujours à l’horizon ne doivent pas être négligés par les investisseurs. Par exemple, M. Savoie estime que la Chine et Taïwan posent « un autre risque qui mérite d’être pris en considération ». Bien qu’il s’agisse d’un conflit évoluant lentement, une aggravation des tensions pourrait être lourde de conséquences pour l’économie mondiale. « Taïwan est un producteur clé de semi-conducteurs, ce qui est très important pour l’intelligence artificielle », explique-t-il. « Le secteur de la technologie pourrait souffrir d’un dérèglement des chaînes logistiques. »
Amélioration des dépenses de consommation
Les dépenses de consommation peuvent être un facteur déterminant de la croissance économique et du rendement des marchés boursiers. En général, plus les gens dépensent d’argent, plus les entreprises réalisent des profits et plus elles peuvent investir dans l’emploi et la croissance. Comme les emprunts sont devenus plus coûteux, les dépenses ont diminué des deux côtés de la frontière4. La question est maintenant de savoir ce qui se passe lorsque les taux baissent. M. Savoie souligne que les dépenses de consommation sont étroitement liées aux taux d’emploi. « Si le taux de chômage continue d’augmenter et que la confiance des consommateurs est ébranlée, les gens réduiront leurs dépenses », soutient-il. Toutefois, si la baisse des taux incite les entreprises à investir de nouveau dans leurs activités, on pourrait assister à une augmentation du nombre d’emplois, à une amélioration de la confiance des consommateurs et à une hausse des dépenses de consommation.
L’avenir de l’IA
L’IA est une autre tendance susceptible de toucher les investisseurs. Son impact reste flou, mais étant donné que l’IA générative facilite énormément l’exécution de tâches simples, comme le compte rendu d’une réunion ou la rédaction de courriels, la productivité pourrait s’accroître dans les années à venir. Selon les prévisions, l’IA représentera un marché de 1,3 billion de dollars américains d’ici 20325, et elle pourrait avoir des répercussions notables sur l’économie et la société en général. Cependant, des investissements massifs, consacrés notamment à la construction de centres de données et à la modernisation du réseau énergétique, devront être réalisés pour maîtriser cette technologie gourmande en énergie, reconnaît M. Savoie. Ces investissements devraient contribuer à stimuler la croissance économique et à dynamiser les secteurs de la technologie, des services publics et autres.
Bien sûr, l’incidence de l’IA sur l’emploi demeure inconnue, mais M. Savoie affirme que les nouvelles technologies ont toujours été bénéfiques à l’économie. « Le marché de l’emploi risque d’être perturbé, mais les avantages surpasseront sans doute les inconvénients », croit-il. « De nombreuses technologies révolutionnaires ont bouleversé le marché de l’emploi, mais généralement, l’économie finit par se porter mieux. »
En fin de compte, bien qu’il puisse être important pour les investisseurs de suivre l’élection, de nombreux autres facteurs contribueront aussi à l’évolution de leur portefeuille au cours de la prochaine année. Il faut tenir compte de sources multiples et des circonstances, et non d’un seul événement, avant de prendre des décisions de placement.
1 Source : Reuters, « China's home-price slump deepens to new 9-year low despite stimulus » (en anglais seulement), « Le repli des prix de l’immobilier en Chine s’accentue pour atteindre son niveau le plus bas depuis 9 ans malgré les mesures de relance » [Traduction libre], août 2024.
2 Source : Caixin Global, « China's Macro Leverage Ratio Edges Up to Fresh Record » (en anglais seulement), « Le ratio de levier macroéconomique de la Chine atteint un nouveau record » [Traduction libre], juillet 2024.
3 Source: Institut Fraser, « Federal government debt interest costs nearly double in just two years » (en anglais seulement), « Le coût des intérêts sur la dette du gouvernement fédéral a presque doublé en seulement deux ans » [Traduction libre], janvier 2024.
4 Sources: Services économiques RBC, « RBC Consumer Spending Tracker », (en anglais seulement), « Suivi des dépenses de consommation de RBC » [Traduction libre], octobre 2024 et Bureau of Economics Analysis, « Consumer Spending » (en anglais seulement), « Dépenses de consommation » [Traduction libre], septembre 2024.
5 Source: Bloomberg Professional Services, « Generative AI 2024 Report » (en anglais seulement), « Rapport 2024 sur l’IA générative » [Traduction libre], 2024.
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